Le journal d'un confinement...

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Dominique
22-03-2021

Humeur...


ŒufPendant la période que nous traversons
Il faut adopter les gestes qui sauvent
Nous serine-t-on à tire larigot.
Mais, on ne nous conseille guère
De bien écaler les mots. Et pourtant.
On ne parle plus de pandémie, longue et universelle
Mais de « crise sanitaire », certes violente mais passagère.
Le mot confinement est banni du langage
Remplacé par la « troisième voie ».
Les interdictions de sorties, voyages, réunions
Sont des « mesures de freinage supplémentaires ».
Les commerces essentiels sont devenus « de première nécessité »
Coiffeurs, cordonniers et… même les chocolatiers !
Pas question de se défier de tel ou tel vaccin
Mais d’appliquer le « principe de précaution ».
Et lorsqu’on ne publie plus les indicateurs épidémiologiques quotidiens
On invoque « des incidents techniques détectés dans la chaine de transmission ».
De périphrases en circonlocutions, d’euphémismes en métaphores
Nous pouvons ainsi approfondir toutes les figures de style
Qui nous empêchent d’appeler un chat un chat
Et de distinguer l’impéritie, la gabegie, l’incurie
De ceux qui nous gouvernent
Dont nous avons appris à écaler chaque mot, chaque phrase,
Qui n’avaient pour but que de nous décaler de la réalité
Et de nous empêcher, le moment venu, de les recaler.

Aldo
22-03-2021

Media... tics !


* Ce n’est pas tâche aisée démêler le vrai du faux
Quand on est assiégé cerné par les médias
Écouter et comprendre vérifier le propos
Dans la dissonance de ces multiples voix

Les mercenaires et les faux illuminés
Les pros les patentés les trolls les officiels
Agglutinés tassés sur un plateau de télé
On parlera de tout sauf du monde réel

Au bout de quelques jours devant le triste écran
On est surpris du temps passé de sa vacuité
Il ne reste qu’un grand vide un voile blanc
On n’a rien appris et donc rien à oublier !

On peut dormir à loisir partir en voyage
De retour un instant devant le dit « poste »
On entend la même phrase on voit la même image
La cervelle réduite à la taille d’un timbre-poste !

Aldo
16-03-2021

Paysage onirique !


* Un rayon de soleil farde les yeux du ciel
L’ombre du crépuscule avance à pas de loup
Les rivages s’ouvrent à mille rendez-vous
Et la nuit viendra mais pas le moindre sommeil !

Des embrasements comme des étoiles filantes
Consument des noctambules fous d’ivresses
Leurs âmes déambulent sans fausses promesses
Les brises nocturnes sont douceurs bienveillantes !

Des royaumes s’effondrent des amours naissent
Le hasard donne corps aux désirs volatiles
Des rêves oubliés tissent leurs idylles
Les mots s’échangent en silence comme des caresses !

Les ombres des ombres sont des passants de chair
Tout accord est possible jusqu’à la folie
Que restera-t-il à l’aube de ce monde inouï
Laissons à l’indicible son aura de mystère !

Francis
15-03-2021

Le Printemps arrive à grands pas


Le printemps arrive à grands pas.
La nature sort de son long sommeil hivernal. Les bourgeons commencent à poindre aux branches des arbres pour ensuite éclore et habiller ces derniers de leur magnifique parure. Les oiseaux nidifient pour protéger leur future couvée, leur chant emplit de joie l’atmosphère. L’herbe tendre envahit les plaines laissant au passage accès aux fleurs des champs, elles s’épanouissent en une explosion de couleurs.
Partout on ressent la montée de sève parmi la faune et la flore.
Le ciel même n’est plus pareil, il semble comme lavé des impuretés de l’hiver et son bleu plus limpide.
L’air est rempli de toutes ces odeurs qui nous embaument le cœur et nous soulagent l’esprit, le renouveau est également en nous, nous aspirons à de jours meilleurs, plus longs, plus ensoleillés et plus chauds : à plus de sérénité.

Dominique
15-03-2021

Une polémique


Marieke Lucas Rijneveld, blanche
Avait-elle le droit de traduire Amanda Gorman, noire ?
La première, poétesse et romancière avait été choisie par son éditeur
Pour traduire en néerlandais la seconde, poétesse et militante.
Toutes deux sont des jeunes femmes, 29 et 23 ans.
Marieke Lucas, Lucas est le prénom masculin qu’elle s’est choisi,
A accédé à la notoriété avec l’obtention
Du Booker Prize attribuée pour la première fois à un roman néerlandais
Traduit en anglais.
Amanda, quant à elle, doit sa célébrité
Pour avoir déclamé, à la demande de Joe Biden
Pour le show de son investiture,
Un poème patriotique,
Avec citations de la Bible
Et accents de gospel et de slam.
Une voix s’est élevée aux Pays-Bas pour dire
Qu’il aurait été plus adapté de choisir une femme noire
Pour traduire ce poème.
La différence de couleur de peau
De ces deux jeunes femmes
Serait donc plus importante que leurs ressemblances
Par l’engagement, la vocation littéraire, la précocité du talent ?
De leur talent nous pourrons nous en convaincre en lisant
De Marieke Lucas,
De Avond is Ongemaak
Traduit en anglais sous le titre Discomfort of Evening
Et en français Qui sème le vent
Chez Buchet-Chastel en 2020.

Pour lire le poème The Hill We Climb d’Amanda
Il faudra attendre la traduction française en mai 2021.
À moins, bien sûr, d’être anglophone
Et à condition d’avoir la couleur de peau adéquate
Pour avoir le droit de le traduire, per se.
Et ne pas être la personne adéquate
C’est ce qu’on a reproché aussi à Victor Obiols
Traducteur en catalan de Shakespeare
Pour lui retirer la traduction du poème d’Amanda.
Le lecteur français qui ne maitrise
Ni l’espagnol, ni l’italien, ni l’anglais, ni le russe,
Ne peut découvrir Don Quichotte, La Divine Comédie, Nostromo, Crime et Châtiment
Que par les diverses traductions à sa disposition.
Il lui appartient de préférer l’une ou l’autre,
Sans se soucier du genre, de l’âge, de la couleur de peau
Des Canovoggio, Risset, Lamolle, Markowicz…
Et pas d’avantage de Cunin qui a traduit Qui sème le vent.
Marieke Lucas a renoncé finalement à traduire ce poème,
Son éditeur néerlandais s’est excusé de l’avoir choisie
Et promis qu’à l’avenir, il prendrait garde.
Selon André Markowicz, (dans Le Monde du 11/03/21)

Il a cédé, face à un travail de traduction qui pouvait être jugé sur pièces,
lu et revu, défendu ou amendé

Pour lui,

Personne n’a le droit de me dire ce que j’ai le droit de traduire ou pas.
Chacun, en revanche, a le droit de juger si je suis capable de le faire.

Toute cette polémique pour un poème
Dont on ignorera tout de sa valeur littéraire
Aussi longtemps qu’on ne l’aura pas lu.