Le journal d'un confinement...

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Aldo
21-03-2020

HEURE PAR HEURE III : une journée de confinement !


8hLe soleil est déjà haut dans le ciel. Il pousse ses rayons au milieu du salon. Il déjeune d’un dernier croissant de lune !
9hLa radio nous suit à travers les pièces... un riff de guitare, un miaulement, un grésillement, un ruban de musiques...
10hIl est temps d’entrouvrir la porte, enfin de mettre le nez à la fenêtre. C’est désormais la même chose.
11hAttention, la promenade de confort n’est plus une promenade de santé. C’est un bol d’air tarifé : 135 E
12hIl faut veiller à la symbolique des heures, garder le fil des jours, la cohérence des mots, sans se perdre dans le dédale des humeurs.
13hUne profonde respiration, une longue expiration. Un temps suspendu. Vieux cheval fourbu !!!
14hDes goélands braillent, s’engueulent comme de vulgaires poissonniers à plume.
15hDes voix éclairent les façades grises et se mêlent aux querelles des goélands ! les propos sont confus !
16hUn parfum de chocolat chaud couvre l’odeur pincée d’une tasse de thé.
17hLes mots résistent. Ils refusent de s’accoler sans raison, de s’appeler de proche en proche – en ce temps de confinement ils n’aiment qu’on leur mette un point final au bout de la phrase…
18hSerons-nous désormais condamnés au numérique et au virtuel ! Au plan américain ! Plein écran, des bustes sur des guéridons.
19h

Pleure un goéland
Sécheresse de la vague_
Dérisoire printemps !


Haïku du soir
20hApplaudissements vers ceux que l’on n’écoutait pas, que l’on bousculait même, que l’on ignorait il y a quelques jours encore (un an que les urgentistes réclament des moyens de fonctionner sans être vraiment entendus).
21hOn accorde les violons sur l’air du temps. Communions cathodiques, œcuménisme médiatique. Même les ours dansent !
22hLes paupières lourdes d’une pesante inaction.
23h« Aucun mot n’est trop grand trop fou quand c’est pour elle… » Aragon (les yeux d’Elsa).

Dominique
19-03-2020

Extrait de mon journal de confie-ne-ment


La nature est mal faite ; le Créateur a oublié quelques petits détails qu’il lui aurait été facile d’ajouter. Un virus, c’est tout petit, très petit même. Il faut un microscope pour le percevoir. Alors, sans exiger d’avoir une vue perçante, ce qui s’avérerait gênant, voire handicapant dans la vie, on aurait pu s’attendre qu’un Créateur plus attentif ait donné une caractéristique plus perceptible aux virus. D’un autre côté, Il aurait pu se dispenser de les créer. Nobody is perfect.

Donc, Il aurait pu les créer bruyants. Il faut reconnaître que tant de bruits risquaient d’être perturbants. Comment, dans ces conditions, entendre siffler les merles ou les accords mélodieux d’une symphonie  ;?

Il aurait pu les doter d’une odeur caractéristique. Oh ! Ça pue le virus par ici. Vite les masques à gaz. Mauvaise solution.

Non, le plus simple, si vous le permettez, Créateur de toutes choses, avec tout le respect que je Vous dois, je voudrais Vous suggérer une solution. Il est peut-être trop tard, direz-Vous. Mais vous pourriez faire un geste commercial avec votre service après-vente, pour nous sortir de la panade.

Parce que nous, on n’y comprend plus rien. On a fait appel à un collège de scientifiques qui nous ont abreuvés de statistiques pour nous démontrer que… nous prouver que…nous démentir que… Les statistiques se sont rebellées. Autant de morts en Italie qu’en Chine rapportés à la population totale de ces pays ça donne des résultats aberrants, absurdes, abscons.

Revenons à nos moutons. Leur avoir donné une couleur, aux virus pas aux moutons, ça aurait été l’idée du siècle. On saurait où ils sont, on les vaporiserait, pschitt ! Et tout le monde pourrait aller travailler, faire ses courses, aller se balader quitte à mourir d’un accident de voiture.

Francis
15-03-2020

Espoir


Oh mais quel est donc cet intrus
Nous n'avons pas besoin de ce malotru
Il ne manquait rien de plus
Que ce triste et misérable virus
Nous chantions Libérés Délivrés
À présent c'est Enfermés Confinés
Mais grâce à notre combativité
À nos pieds il sera terrassé
Nous avons dans nos cœurs
Cet immense bonheur
De pouvoir toujours surmonter
Les catastrophes comme par le passé
En de telles circonstances
Gardons la foi l'espérance

Aldo
15-03-2020

HEURE PAR HEURE : une journée de confinement !


8hLes feuilles du journal sont caduques aussitôt lues !
9hLe café est froid, délicieusement amer.
10hLe téléphone sonne. En vain.
11hUne polaire : l’accessoire vestimentaire le plus à la mode depuis l’accélération du réchauffement climatique.
12hUn rayon de soleil tombe dans l’assiette, il met le feu aux papilles !
13hPas de rêves au cours d’une courte sieste.
14hSeule la page blanche connait les mots jamais écrits !
Seule la page blanche ne désespère du vide !
15hL’aspirateur de la voisine entre en action. Il ronronne comme son chat.
16hIl y a des choses que l’on n’apprendra jamais : dormir sur ses deux oreilles, prendre de la hauteur, creuser une idée, filer du mauvais coton, ratisser large, mettre un point final…
17hLe courage, c’est un pas après l’autre, des lignes franchies, en conscience, en connaissance du prix.
18hDis-moi tes « pourquoi », je te dirai mes « pourquoi pas » !
19h

Le rideau tremble
Le vent retient son souffle_
Nous sommes ensemble !


Haïku du soir
20hTous les secrets de Polichinelle s’affichent au menu du vingt heures !
21hSuspense : quelle série télé ! Tous les soirs c’est l’obsession la plus partagée.
22hEn contournant la pollution lumineuse urbaine l’univers s’offre enfin au regard des terriens.
23hDormir est un choix personnel !

Marie-Claire
05-03-2020

Poème choisi


Fidèle à son destin la terre poursuit sa ronde
Insouciante de tous les malheurs de ce monde,
L’hiver est terminé et le printemps revient
Il sera singulier, celui de 2020.
Un calme impressionnant règne dans les cités,
Dans leurs maisons, les gens sont tenus confinés
Ils craignent la contagion de l’ennemi qui tue
La science est impuissante, le virus a vaincu.
La loi de la nature n’obéit à personne,
N’obéit qu’aux saisons et commande les hommes,
Tous les arbres fruitiers se couvriront de fleurs,
Alors que dans le monde, l’économie se meurt.
L’hiver a été doux, les pelouses sont vertes,
Le printemps les décore de jolies pâquerettes,
Vision apaisante pour humains angoissés
Qui toussent et qui étouffent, qu’on aide à respirer.
Dans ce contexte triste la beauté du printemps
Ne sera que regret dans le confinement,
L’aubépine et la rose, l’œillet, le seringa,
Dont les senteurs seront ignorées d’odorats.
Le soleil resplendit, les jours ont allongé !
Les parcs sont désertés, les bancs inoccupés
Du coronavirus, les terriens se protègent
Pour briser la chaîne, des malades le cortège.
Les oiseaux insouciants continuent de chanter
Le merle vocalise, met un peu de gaîté
Quelqu’un ouvre la fenêtre, sort la tête de l’ombre,
Dans sa petite chambre l’ennui est à son comble.
On évite les contacts, on ne s’embrasse plus,
Chacun son petit geste, poignée de main exclue,
Masque et gants désormais, et c’est obligatoire :
Éternuer dans son coude et jeter son mouchoir.
Hommage soit rendu aux médecins et consorts
Se chargeant des malades, risquant un mauvais sort,
Dont les protections leur font parfois défaut,
Pour gagner la bataille sur ce cruel fléau.

André PLANCHOT, 97 ans
EHPAS Maillezais (85)