Le journal d'un confinement...

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Dominique
31-03-2020

Extrait de mon journal de confie-ne-ment


Aujourd’hui, je vous le dis, lisez. Oui, je sais ce n’est pas très original et quelqu’un vous l’a dit aussi récemment sans qu’on sache si c’était un conseil amical, une injonction impérieuse ou un aveu d’impuissance.

Quitte à vous avachir sur le canapé devant les informations en boucle des chaînes en continu, prenez un livre. Rien ne vous empêche d’ailleurs de le lire en marchand dans votre salon ; vous joindrez ainsi l’utile à l’agréable en faisant fonctionner vos neurones et vos guiboles.

Lisez tout ce qui vous tombe sous la main ou que vous n’avez jamais eu le temps de lire, ou l’envie de relire, des romans, des BD, des poèmes, des essais, des biographies, des livres d’histoire et, pourquoi pas des contes.

Vous jetterez un regard neuf sur La belle au bois dormant, et vous vous réveillerez avec la princesse confinée dans son château pendant 100 ans.

Les écrivains sont ceux qui ont le plus de choses à nous dire, les Anciens comme les Modernes. Et bien mieux que les discours des gouvernants et de leurs opposants, les experts auto proclamés, les philosophes de café du commerce, bref tous ces bateleurs de foire qui défilent sur nos écrans et nos radios.

Bientôt (?) on constatera que bien de certitudes d’hier ont pris du plomb dans l’aile. Vous vous rappelez l’argument choc pour justifier la réforme des retraites  ;? «  ;La durée de la vie s’est allongée  ;». Vous imaginez quelqu’un nous ressortir ce truc sans se couvrir immédiatement de ridicule.

Mais revenons à la littérature. Je suis tombé hier par hasard sur une réplique de Tchekhov sortie de je ne sais laquelle de ses pièces  ;: «  ;Vivre pour mourir n’est déjà pas amusant, mais vivre en sachant qu’on mourra prématurément, c’est complètement idiot  ;». Cela m’a donné à penser pour la journée.

Vous voyez bien, quand on vous dit « lisez » ce n’est pas qu’une vague recommandation pour lutter contre l’ennui, le désœuvrement, le stresse qui vous guettent.

Cela n’est peut-être pas le remède miracle mais ça peut fonctionner comme un placebo capable de vous guérir des maladies de l’âme, contagieuses même sans contacts.

Lisez au moins aussi souvent que vous avez pris l’habitude de vous laver les mains. Non seulement vous garderez un esprit sain mais, avec des mains propres, vous éviterez de laisser des marques de doigts sur toutes ces belles pages.

Francis
30-03-2020

Passe-temps


De ma fenêtre je regarde le firmament
Cela m’aide à surmonter le confinement
Dans le ciel la course des nuages
M’assiste dans ce mauvais passage
Le vol des mouettes celui d’un avion
Fait monter en moi une grande émotion
De la nature je m’emplis les yeux
Je pense aux jours heureux
Le chant des oiseaux tissant leur nid
Me fait oublier mon ennui
Les arbres les fleurs toutes ces couleurs
De bonheur emplissent mon cœur
Le confinement la pandémie vont passer
Mais nous nous allons rester
Haut les Cœurs  ;!

Aldo
30-03-2020

Atelier OULI-O, mots
sans les lettres suivantes : P T K B D G M N


I

Verres éclusés, vers chiqués,
Rives oisives
Seins rêvés !
Le soleil ovale couleur olive
Réchauffe la vallée
Ou coule le ruisseau.
Fleurs, eaux vives,
Échos sucrés, sourire rusés !

II

Elle a le feu sacré,
Sourire sans cœur.
Elle use les amours qu’elle voue à l’horreur.
Lèvres irisées,
Avares, chiches caresses.
Elle savoure l’ivresse
Les yeux au ciel,
Cruelle
Sous le soleil !

III

Elle a chevillé au cœur
La lueur de la vie.
Il se réserve, il lui sourit,
Surveille l’heure.
Elle sera là.
Le soir les exhaussera !

IV

Le jour se lève
Efface les rêves
visse les sourires
Écarquille les yeux.
Soleil hors réserve.
Livres lus avec verve.
Elle lui eux

V

La vie ose rêver, se ruer, virer,
Lier les jours, lisser les heures,
Se livrer, souffler, râler,
Effacer les leurres,
Rouler, Rire, saluer,
Allez, voilà, sauvés !!!

Dominique
24-03-2020

Extrait de mon journal de confie-ne-ment


Aujourd’hui permettez-moi de vous livrer les secrets de ma méthode anti-stress. Chacun a la sienne, qui recourt à la méditation transcendantale, au yoga, au taï-chi-chuan, qui à la prière, là vous avez le choix mais évitez les évangélistes, qui à certaines substances, tabac, alcool, herbe, qui aux psychotropes, neuroleptiques, antidépresseurs. D’aucuns même s’adonneraient à l’écriture de façon immodérée si j’en crois certains Aldo ou Francis.

Quant à moi j’ai choisi de râler du matin au soir.

Râler contre le gouvernement qui a été imprévoyant, contre l’opposition qui ne l’a pas alerté à temps. Râler contre le confinement et ceux qui ne le respectent pas. Râler contre la météo maussade qui m’empêche de profiter de mon jardin et contre le beau temps alors que je n’ai pas le droit d’aller me balader. Râler contre la Poste qui distribue le courrier irrégulièrement et contre le facteur qui m’apporte de factures. Râler d’avoir laissé rouiller mon vélo au garage et contre l’interdiction de m’en servir. Râler d’avoir raté la diffusion de Don Giovanni et regardé une Traviata horripilante. Râler contre Amazon qui retarde l’envoi du presse-purée dernier cri de mes rêves mais qui profite de la situation pour asphyxier les petits libraires. Râler contre les voisins qui font un boucan d’enfer quand Édouard est au JT de 20 heures et contre les autres qui ne manifestent pas leur soutien aux soignants. Râler de n’avoir pas d’animal de compagnie et contre les chats du voisinage qui viennent pisser sur ma terrasse. Râler contre l’une qui ne prend pas de mes nouvelles et contre l’autre qui me parle comme à un vieillard cacochyme. Râler contre le prix du carburant en baisse alors que je ne peux plus utiliser ma voiture. Râler de ne pas pouvoir aller à la pêche à la ligne et de ne même pas avoir de canne à pêche. Râler d’entendre les journalistes nous bassiner avec le Covid19 et de n’avoir plus de nouvelles de Letizia, Meghane, et autres ladies. Râler contre le report des J.O, de l’euro foot et Roland Garros que je n’aurai pas suivi à la télé. Râler contre celui du festival de Cannes même si je ne suis jamais la cérémonie de reprise des prix. Râler, râler, toujours râler.

Attention, si vous adoptez ma méthode, ne venez pas râler qu’elle vous donne des aigreurs d’estomac.

Et, surtout, mes ami(e)s, n’allez pas expirer dans un dernier râle.

Francis
21-03-2020

Chanson des masques de soignants invisibles


Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Mesdames
Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Messieurs
Ils sont passés par ici
Ils repasseront par là
Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Mesdames
Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Messieurs
On ne les a pas vus ici
Et on les a pas vus là-bas
Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Mesdames
Ils courent ils courent les masques les masques des soignants Messieurs
Ils les attendent toujours
Arriveront-ils un jour ?