Francis
11-04-2020
Aujourd’hui samedi 11 avril 2020 j’aurai dû être avec les cloches à Rome pour fêter la résurrection du Christ, sonnant à toutes volées. À cause du corona me voici confiné et ne peux sonner l’avènement à la volée. J’en ai le bourdon. Donc, ce n’est pas par les airs que je m’adresse à vous mais par écrit.
Après-demain j’ai programmé deux textes que je devais envoyer à mes collègues, je les ai expédiés aussitôt, ils les ont reçus hier ou avant-hier je ne sais plus.
Pour fêter Pâques hier ma femme a donc préparé un repas festif que nous avons très apprécié.
Je vis aujourd’hui le jour d’après demain ou celui de demain, cela dépend si nous sommes la veille ou l’avant-veille. Quant au jour présent, je le vis peut-être trois jours après.
Ce matin au réveil j’ai découvert une femme dans mon lit près de moi. Je lui ai dit : « Bonjour Madame qui êtes-vous? ». Elle m’a répondu : « Mais c’est moi Francis ! » Alors faussement je lui ai répondu : « Je sais, je plaisantais ». Est-ce vraiment mon épouse, suis-je marié ?
Au fait, suis-je bien en train d’écrire un texte, est-il terminé ? Il me semble que oui, alors j’arrête. Je disais donc...
Dominique
10-04-2020
Aujourd’hui, vendredi saint, poisson au menu. Les diététiciennes conseillent au moins une fois par semaine sinon plus, les Vegan jamais. Donc, faites au mieux pour votre système cardio-vasculaire ou selon vos croyances.
Et ne me demandez pas si un virus c’est chair ou poisson. Ni l’un ni l’autre, je crois. Virus au menu matin, midi et soir. Ce n’est pas nous qui l’avons au menu mais lui qui nous a au sien.
Évoquer la composition des menus avec ou sans poisson me semblait être une manière d’introduire un peu de légèreté dans l’actualité mais je me rends bien compte que je n’ai réussi qu’à vous saper un peu plus le moral. C’est bien regrettable.
En effet, dans toute guerre, ce qui compte le plus, surtout lorsqu’on a plus de Gamelin que de Clausewitz et que de surcroit l’intendance ne suit pas, c’est le moral des troupes.
Alors, regardez le ciel, non pour l’implorer, ce qui ne sert à rien, mais pour constater que ça y est, le printemps est arrivé. Les arbres bourgeonnent, les petits oiseaux chantent. Ils chantent plus fort cette année ? Ou le bruit des moteurs n’est plus là pour couvrir pépiements et piaillements ? La mer est en train de se réchauffer mais on va attendre encore un peu avant d’aller piquer une tête. Ici, on peut se baigner jusqu’à la Toussaint, alors, on a le temps.
La hausse des températures a également un effet bénéfique sur notre humeur, c’est bien connu. Cela en a moins pour l’atmosphère mais le réchauffement climatique, pour l’instant, on s’en soucie comme d’une guigne. Ce qui ne nous change pas beaucoup.
Reste un espoir, né d’une hypothèse, peut-être hasardeuse mais à quoi ne se raccrocherait-on pas par les temps qui courent et cela vaut toujours mieux que de croire que le jeûne nous tirerait d’affaire comme le prétendent les évangélistes (pardon pour le comique de répétition) hypothèse donc que le virus n’apprécierait pas du tout des températures estivales et que dans ce cas il se mettrait en hibernation. Le terme exact définissant l’action de se terrer en plein été m’a échappé. Confinement, c’est autre chose ; quoique. Pour les ours, c’est la période où ils sortent d’hibernation, les malheureux, pour se faire tirer dessus comme des lapins, hélas.
Ah ! J’ai toujours rêvé d’être un ours. Et ça tombe bien parce que moi aussi j’adore le miel…et le poisson.
Marie Claire
08-04-2020
VOICI LES MOTS SORTIS DE MON CHAPEAU CONFINEMENT :
CENT CIME CIMENT
MOINE MINE MEC CEINT CEINTE CONFINE
CONFIN CONFIT CONTE COMTE COMETE COTE COIN CINE CITE FIN ENNEMI FENTE FIENTE FEINTE FOI FOIE FENNEC FIN FINE MINE MENTON MITE MOITE TON TIEN MON TIENNE
CONFIE TONNE FIER FIERE MENTIR NIER NIENT FONCE
FINEMENT TIC TOC TIN.
Potins de corses lors du confinement.
Aldo
06-04-2020
Le confinement est une discipline. Il faut regarder l’heure du réveil, s’extraire de l’envasement matinal que peut provoquer un espace contraint, et aller à la ligne comme on va au-devant d’une tâche, d’un travail, ou même à la pêche. Il faut faire avancer la plume, tracer des sillons, fussent-ils irréguliers, hésitants, raturés. Il faut semer, sachant que pour l’essentiel c’est de la mauvaise herbe, et tamiser ensuite pour sauver quelques graines utiles, pour ne pas parler de pépites, comme trop souvent complaisamment.
L'enchaînement des mots, comme de profondes respirations, apaise l’esprit – c’est déjà un grand bénéfice. Il puise dans cette vacuité active des pensées inattendues, des couples de mots insoupçonnés, des correspondances heureuses. Par instant, ce n’est pas tant ce qui fait sens qui comble les attentes, mais la simple musique produite par la mécanique des sons et des échos, aléatoires, chanceux ! C’est un bel encouragement.
L’accumulation des mots n’est que gourmandise. Un leurre assumé pour une faim mystérieuse jamais vraiment définie, et qui ne sera pas rassasiée. Tout a déjà été dit. On trouve toujours des mots justes pour coller à l’humeur du moment. Mais est-ce vraiment l’exacte traduction de nos sentiments ! Chacun est singulier, et ne sait pas toujours, indépendamment de toute culture, la teneur de sa pensée, de ses postures, de ses improbabilités, de ses rêves fantasmés, de sa part de sincérité. De cette page de mikado, on espère pouvoir tirer un fil clair (Claire) et écrire la première phrase d’une nouvelle narration !
Dominique
01-04-2020
Aujourd’hui, comme tous les matins, je suis parti de bonne heure faire mon footing au bord de la mer malgré la température un peu basse. Les écouteurs dans les oreilles j’écoute France Culture comme d’habitude ; une radio sérieuse, qui vérifie ses informations, évite les canulars, et ne fait pas dans la gaudriole. Le bulletin d’information n’était pas rose du tout, ça a commencé avec la Chine, puis l’Italie, la France ; et, en France, catastrophes sur catastrophes. Au début, j’ai eu un petit peu peur. Puis, je me suis dit qu’ils exagéraient. Des trucs à vous donner froid dans le dos si je n’avais pas été en train de transpirer. C’est alors que je me suis souvenu de cette fameuse émission de radio d’Orson Welles, en 1938, qui avait déclenché la panique, les auditeurs ayant vraiment cru à une invasion d’extra-terrestres. Ici, en 2020, les gens, j’en suis sûr, ne vont pas se laisser attraper aussi facilement. J’étais presque arrivé au terme de mon parcours de 10 km quand je me suis fait aborder par une voiture de gendarmerie ; des pandores masqués me demandent mon ausweis. Nous ne sommes plus en 1940, les gars et puis, taquin, vous ignorez la loi, messieurs, il est interdit de sortir avec le visage dissimulé.
C’est là que j’ai posé la plume pour terminer mon petit déjeuner, le meilleur moment de la journée. Il faut que je vous dise que j’attends pour me lever que résonne dans mon radio réveil les premiers arpèges, ce matin, un quatuor à cordes. Depuis le 14 mars j’ai modifié la programmation des chaines radio pour éviter les journaux avec leurs commentaires, leurs statistiques, leurs horreurs.
L’odeur du café se répand tout doucement dans la maison et j’attends encore un peu mon petit déjeuner. Non pas que me le servent au lit une accorte soubrette ou un valet stylé mais que la cafetière, programmée la veille, ait fini de laisser passer le café. Je ne suis pas si pressé de le boire. Mais j’aime le sentir, le humer ; je le suis à la trace depuis la cuisine jusqu’à ma chambre. Et lorsqu’enfin je me lève, ouvre les fenêtres je peux respirer son odeur mêlée à celles du thym, du romarin, de la lavande qui fleurissent dans mon jardin. Les premiers rayons de soleil allument les collines voisines. Et ça ce n’est pas une blague.